La Révolution en Provence. La Constitution Provençale. La fin de l'ancien régime.
La Constituante (1789-1791) La législative (1791-1792) Le Directoire (1795-1799)
 La France à la veille de la révolte. A ma veille de la révolution, la France doit faire face ç une crise économique et au désir de changer le mode de gouvernement. On souhaite une monarchie à l'anglaise, c'est à dire le pouvoir partagé entre le Roi et une assemblée élue. On veut aussi d'avantage de liberté. Des penseurs et des philosophes se mettent à réfléchir sur la meilleur façon de gouverner. Montesquieu pense que tous les pouvoirs ne doivent pas appartenir à la même personne. Jean Jacques Rousseau veut que tous les hommes soient égaux entre eux. Voltaire attaque la religion catholique sur sa forme. Ses idées sont discutées dans les salons et dans des sociétés secrètes comme la Franc-Maçonnerie. Elles se répandent même dans les campagnes. Ainsi toute la société a connaissance de ces idées nouvelles. Louis XVI est un roi faible, peu intéressé par les affaires publiques. La Reine Marie-Antoinette, "L’Autrichienne", multiplie les maladresses et devient vite impopulaire. Les ministres se succèdent sans pouvoir résoudre les problèmes de l'état. Les réformes échouent. elles sont refusées par les parlements qui veulent faire pression sur le Roi pour qu'il partage le pouvoir. Louis XVI finit par accepter de convoquer les états généraux. Les trois ordres (la Noblesse, le Clergé, le Tiers Etat) élisent chacun leurs représentants et rédigent leurs doléances, cahiers où chaque ordre exprime son mécontentement. Le 5 mai 1789, les 1165 députés se réunissent à Versailles. La Révolution est en marche. La Révolution du peuple dans les villes et des campagnes amène les députés à abolir les privilèges dans la nuit du 4 aout 1789. Le 29 aout, les députés publient La déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui affirme: "que tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit". Cette déclaration, ces idées, forment les principes de 1789. Ces derniers étant connus par tous les français, nous parlerons dans un premier temps de la Révolution en Provence. Puis particulièrement des faits ou actes qui se sont passés dans notre village de Roquevaire. La Provence, léguée au Roi de France par son dernier Comte Charles III, formait un des grands gouvernements de l'ancienne monarchie. Sa capitale était alors Aix. Le Comtat Venaissin propriété du Pape et le Comté de Nice propriété du Duc de Savoie n'en faisaient pas parties. Ce gouvernement comprenait, outre "le pays" lui même qui jouissait de sa constitution Provençale, des terres adjacentes soumises à un régime spécial pour Aix et Marseille. La Provence eût à souffrir de plusieurs invasions sous le règne de Charles XI.
 La Constitution Provençale. Pour la première fois une identité provençale est revendiquée par Palmède de Forbin qui proclame: "la provence aux provençaux". Cela ira même jusqu'à présenter à Louis XI des revendications territoriales. Charles III, en léguant la provence, souhaitait voir l'identité conservée. Les statuts présentés par les assemblées des états vont plus loin. Le Roi de France n'y est pas reconnu comme tel, mais comme Comte de Provence. Les habitant ne lui doivent pas obéissance. Dans l'esprit des députés de pays, cette situation marquait la persistance de la couronne de Provence, réunie à celle de France par une union seulement personnelle. La Provence entend conserver son autonomie. Les provençaux gardent les lois et les constitutions accordées par les précédents souverain. Louis XI confirme en ces termes l'autonomie du pays: "nul impôt ne pourra être levé sans avoir été consenti par les représentants des états". Les articles 19 et 20 de la constitution précisent que les provençaux ne doivent aux troupes que quarante jours gratuitement et ne peuvent pas servir hors de Provence. Les statuts définis par les états ne proposent pas seulement la garantie de l'autonomie. Ils veulent aussi assurer une bonne administration et une bonne gestion du pays. Les députés demandent à ce que les autorités soient désormais recrutées parmi les autochtones. La Provence, dont hérite Louis XI, n'est pas un pays unifié. Deux comtés la constituent, eux-même subdivisés en vingt deux parties, auxquelles s'ajoutent quatorze circonscriptions dont sept appelées "baillies" et sept dénommés "Viguerie". De vastes territoires, appelés "terres adjacentes", jouissent d'un régime à part , du à des privilège anciens. En 1782, loin de former un tout homogène, la Provence qui est en train de devenir française, sera comparée par certain à "une sorte de mosaïque d’égoïsme particuliers". En 1484, le roi René II s'assure la fidélité des Provençaux. Ces derniers demandent, en 1486, à demeurer toujours sous la protection de la couronne de France. Dès 1501, les rois de France établissent en Provence des structures administratives qui tendent à faire de la Provence une Province comme les autres. Le français devient seule langue officielle et sera la langue de la Révolution. La Provence faisait partie des pays de langue d'Oc. En 1490, l'ordonnance de Moulins précise les écrits seront rédigés en langue française. L'élite provençale, profondément attachée aux statuts et aux privilèges hérités de l'époque comtale, admet difficilement l'abandon de la langue provençale. Les troubles qui aboutissent à la soumission de la Provence par Louis XIV ne seront pas sans cause. Ils résultent d'un conflit permanent entre le pouvoir et la Provence sous les charges que celle-ci doit supporter. Pourtant, à la fin du règne de Louis XIV, la Provence conserve ses institutions particulières et ses importants privilèges. En 1752, puis en 1769 et de nouveau en 1770, la Noblesse réclame la convocation des états. Autour de Corialis et à cause des injustices s'élabore une théorie de la Constitution Provençale. Aux approches de la Révolution, la propagation des idées apporte aux Provençaux raisons de resserrer les liens qu les attachent à leur Province. La Provence revendique toute la gloire du midi. L'idée de "la Constitution Provençale" apparait plus forte que jamais. Si tout le monde est en principe d'accord pour défendre les traditions provençale, chacun à sa façon de les comprendre et les divisions éclatent lors du passage aux actes. Ceci devient évident dès 1787, à propos de la composition des Etats convoqués à l'initiative de Brienne. Les représentants des communautés ne réussissent pas à obtenir que la représentation du Tiers-Etat soit égale à celle des autres ordres: Clergé et Noblesse. Le 3 décembre 1788, les Etats de Provence sont convoqués dans leur forme ancienne . Les représentants du Clergé et de la Noblesse refusent de céder leurs privilèges financiers. Pascalis, dans un mémoire sur la constitution des trois ordres aux charges publique et communes de Provence, rejette leur tutelle. C'est dit-il: "donner aux peuples un tuteur, dont il n'a pas besoin et soutenir un corps dont le but a toujours été de se soulager des charges publiques sur lui". Le retour aux institutions passées a durcir les antagonistes. A la session suivant, le 25 janvier au 6 février 1789 et au-delà des conflits fiscaux, deux conceptions de la vie publique régionale s'y affrontent. L'évolution historique, de l'occupation romaine à la nuit du 4 aout 1789, à fait de la Provence un ensemble original, quelquefois souverain et longtemps autonome. Le 30 janvier 1789, Mirabeau adresse une lettre: "A la nation Provençale". Le 12 mars de la même année, l'avocat Capeau réunit l’assemblée de la Viguerie à Aix. Elle prend la décision de faire des élections par districts le 30 avril 1789. F.X. Emmanuelli parle des cahiers de doléances en ces termes: Ils ne défendent que faiblement les traditions et réclament seize demandes de confirmations des statuts de Provence". Seule Marseille manifeste une volonté d'autonomie et attaque le centralisme aixois. L'avocat Tessier de Sisteron dénonce aux instances nationales les prélats, les gros propriétaires qui se sont emparés de l'administration provençale. Ils ont voulu dit-il: "faire croire que la Provence était un co-état et non un pays subalterne". Pascalis est envoyé aux états généraux comme porte -parole des réformateurs. Il demande le vote légalisant la levée des privilèges fiscaux. Jugé comme réactionnaire, on le pend à un arbre le 10 décembre 1790. Le 11 aout 1789 voit la fin légale des anciennes provinces. Elles perdent leurs privilèges et leurs statuts. Le 12 aout , les députés Provençaux écrivent pour demander la ratification de ce vote. Le 4 septembre Tessier s'exclame: "une fois réunis à la France, nous serons libres". Le 15 février 1790, la Provence est partagée en trois états: Bouches du Rhône, Basse Alpes et Var. Une rivalité importante s'établit entre Aix et Marseille. Le chef-lieu est Aix. Mais en 1792, c'est par la force que Marseille devient chef-lieu et est reconnu légalement. Pendant cette période révolutionnaire, le chef-lieu des Bouches du Rhône n'est pas stable. Parmi tous les bouleversements qui marquent cette période, le séquestre, la confiscation et la vente des biens nationaux sont des plus considérables. La vente des domaines nationaux trouve dans son origine les problèmes financiers et monétaires auxquels est confronté le gouvernement révolutionnaire.  La fin de l'ancien régime. L'approche des évènements révolutionnaires voit la Provence se diviser en deux. - D'une part les grandes ville, Marseille et Toulon, qui désirent un régime de liberté économique favorable à leur développement. - D'autre par les campagnes où le paysan est resté traditionaliste et profondément attaché à l'ancien régimes. Au cours des réunions préparatoires à l'élection des députés aux états généraux, Mirabeau se montre partisan des réformes. Brillant orateur, violent, passionné, irrésistible, il est élu à Aix et Marseille Dès le 23 mars 1789, les marseillais réclament un régime plus régulier d’impôts et se révoltent contre la cherté des vivres. De janvier à avril, les états de Provence, réunis à Aix, préparent les cahiers de doléances. Dans une des dernières séances, l’Évêque de Fréjus annonce que le Clergé consent désormais à payer sa part d'impôts. Ainsi la Provence est à la tête du mouvement de fraternité nationale par le geste de son Clergé. La Révolution est sanglante et mouvementée dans notre pays. Cette situation se traduit, entre 1789 et 1799, par la succession en France de quatre assemblées.  La Constituante (1789-1791) Dans la nuit du 4 aout, les députés Provençaux descendent au milieu de la salle et déclarent qu'ils renoncent aux privilèges de leur pays. En avril 1790, la population marseillaise s'empare du fort de Notre Dame de la Garde, des forts Saint Jean et Saint Nicolas. Puis dans son exaltation détruit an partie ce dernier. En 1791, le Comtat Venaissin, après une lutte sanglante avec Carpentras qui est partisane de l'autorité pontificale et Avignon qui souhaite sa réunion avec la France, devint le département du Vaucluse.  La législative (1791-1792) Le 27 juin 1792, le député Barbaroux demande au maire de Marseille d'envoyer à Paris un bataillon de six cents Fédérés "sachant mourir pour sauver la Patrie en danger". Ce bataillon gagne la capitale en chantant l'hymne de Rouget de Lisle, qui prendra ultérieurement le nom de " La Marseillaise" et deviendra notre hymne national. Dès son arrivée à Paris, ce bataillon se fait remarquer en demandant la déchéance du Roi. Ce grand évènement, qui bouleverse le monde, est en partie son œuvre. Le 10 aout, les intrépides marseillais participent à la prise des Tuileries.  Le Directoire (1795-1799) Après la chute de Robespierre, les cachots du Fort Saint-Jean à Marseille et le château de Tarascon regorgent de détenus rapidement exécutés. La population des Bouches du Rhône a, face à ces évènements révolutionnaires et l'évolution des institutions républicaines, des attitudes extrêmement variables suivant les temps et les lieux. Tout à fait favorable au début à la cause révolutionnaire, elle trouve en Mirabeau son interprète. D'une façon générale, elle se réjouit de la fin d'une centralisation monarchique qu'elle n'avait jamais appréciée. Mais bien vite, Aix boude le nouveau régime, car elle sent grandir la puissance de Marseille. De plus, Arles perd sa puissance ecclésiastique. Les textes sur les biens nationaux, la constitution civile du Clergé et l'unification des institutions choquent rapidement le sens de la propriété, les sentiments religieux, ainsi que le goût du particularisme. A Marseille des divergences se créent entre Monarchistes traditionnels et Monarchistes constitutionnels. D'autre art, les fédéralistes modérés se heurtent aux purs républicains. La mentalité provençale, individualité, raisonneuse, enthousiastes, éloquente, vive d'esprit, s'exprime dans les discours des clubs et des assemblées. Plus d'une émeute, plus d'une rixe éclatent dans les rues. La centralisation renforcée par la convention et la ruine du commerce font passer Marseille dans le camp de la contre-révolution. Dès le 21 aout 1792, l'administration départementale est transférée à Marseille. Des départements comme le Rhône et le Var, des villes comme Lyon et Toulon s'inscrivent parmi les ennemis de la nation. De 1793 à 1794, une répression sévère s'abat sur notre région afin de ramener les égarés à une saine compréhension. La réaction thermidorienne rivalise dans l’excès avec la terreur Jacobine. Les incertitudes du Directoire et les tentatives néo-jacobines du 18 Fructidor n'entendent pas l'hostilité des habitants. C'est dans le climat de guerre civile que le Premier Consul Bonaparte est accueilli avec soulagement. Charles Delacroix, premier Préfet, tente de relever les ruines. Rien ne reste des privilèges de liberté de la Provence, si ardemment défendu par toute une élite de juristes bourgeois. Cette période de troubles laisse de profondes cicatrices. La campagne est peu prospère. Les villes Aix et Arles sont tristes et sans vie. Marseille, parlée des titres administratifs, est ruinée.  *Source: Fascicule du CM2 de l'école primaire de Roquevaire mixte.